Les systèmes de motivation: oui ou non?

Est-ce une bonne idée d’user de systèmes de récompenses auprès des enfants afin de favoriser et aider à maintenir les “bons” comportements?

Quelques exemples de systèmes de motivation:

Des systèmes de motivation permettent à l’enfant de visualiser ses réussites, lui permettent d’atteindre des objectifs sous forme de récompenses (privilèges ou biens matériels) et concrétisent ses succès dans un contexte généralement ludique.

Pour ou contre?

Comme beaucoup de questionnements liés au développement et à l’éducation des enfants, la réponse n’est pas noire ou blanche. Je vous dirais que lorsque bien utilisés, ces moyens sont très efficaces auprès des enfants (âge préscolaire et primaire) puisqu’ils ont besoin d’expériences concrètes et de motivations tangibles pour retenir les gestes encouragés et les bons choix à faire. Par contre, ils ne seront pas nécessairement pertinents auprès de tous les enfants qui, on se le rappelle, sont tous uniques de par leur tempérament, entre autres. Aussi, certains parents ne sont pas à l’aise et c’est tout à fait correct.

J’aimerais quand même prendre le temps de présenter quelques informations au sujet du développement en lien avec l’utilisation de ces méthodes (systèmes de récompenses, tableaux de motivation, etc.), car je pense que des parents se positionnant “contre” celles-ci le font en raison d’une mauvaise compréhension.

Motivation intrinsèque et extrinsèque

D’abord, j’aimerais vous aider à distinguer deux concepts de la théorie de l’autodétermination en lien avec la motivation de l’humain. Cette théorie propose deux formes de motivation: celle intrinsèque (venant de l’intérieur) et celle extrinsèque (venant de l’extérieur). Lorsque tous nos comportements et nos choix sont motivés par une source externe, comme de l’argent ou de l’attention d’autrui, il est fort probable que nous finissions par ressentir un grand vide puisqu’il est préférable de miser sur des sources internes, comme un profond sentiment d’accomplissement ou de fierté issu d’un lien direct entre l’humain et l’action.

Les systèmes de motivation misent beaucoup sur la motivation extrinsèque: l’enfant est encouragé dans ses bons comportements par l’atteinte de différentes récompenses. Ainsi, il va de soi que ses gestes sont motivés par l’obtention de cette récompense et donc une source externe. Pourquoi alors ne pas miser plutôt sur une source de motivation intrinsèque afin de motiver ses actions et gestes positifs? Parce que les motivations intrinsèques sont très abstraites et que les enfants, jusqu’à 12 ans et parfois au-delà, ont besoin de situations tangibles et d’expériences concrètes pour comprendre leurs choix et leurs actions. Tel qu’abordé ici, le développement cognitif des enfants suit certains stades et avant l’adolescence, les notions abstraites sont très difficiles à comprendre pour eux. Avant de miser sur la motivation intrinsèque, on mise donc sur la motivation extrinsèque. Les deux formes de motivation se développent en quelque sorte en parallèle et s’accompagnent l’une et l’autre dans plusieurs situations. Il est adéquat de motiver nos actions par des sources extérieures à l’occasion: il nous arrive tous d’aller travailler uniquement pour ramener un salaire, mais à long terme, si nous ne vivons pas des gratifications internes, il est fort possible qu’on ne soit pas tout à fait heureux sur le plan professionnel. Chez les enfants, c’est pareil. Ils ont besoin de vivre concrètement l’impact de leurs gestes pour tranquillement évoluer dans une forme de motivation qui viendra d’une source interne plutôt qu’externe.

Comment bien utiliser les systèmes de motivation?

Afin de s’assurer que les enfants évoluent d’une motivation extrinsèque à intrinsèque dans le choix de leurs gestes et dans leurs comportements, il importe de soutenir l’utilisation de ces méthodes de renforcement. On ne peut pas simplement récompenser chaque bon geste sans offrir un support à l’enfant dans sa compréhension de ce que la récompense représente et comment son comportement peut avoir un impact sur lui et sur son environnement.

Par exemple, si je récompense mon enfant pour avoir partagé avec son frère ou sa soeur par le biais du système utilisé, je dois aussi lui permettre de reconnaître, outre l’obtention d’un autocollant sur un tableau, d’un jeton gagné ou d’un privilège, les émotions positives que cela lui a fait vivre (fierté, bonheur, etc.) et les impacts directs sur son environnement (joie du frère/soeur, ambiance agréable, etc.). Je peux lui faire nommer ses émotions et ce qu’il observe directement de la situation. Cette prise de conscience est accompagnée de la récompense afin d’effectuer le renforcement positif nécessaire pour augmenter et/ou maintenir l’apparition du comportement. Un bon mélange de conditionnement et d’approche bienveillante est, à mon avis, une combinaison plus qu’efficace.

Pour ou contre, prise deux

En guise de conclusion, j’aimerais revenir sur le fait d’être “pour” ou “contre” ces méthodes. Je ne pense pas qu’il faut se positionner sur l’un ou l’autre de ces extrêmes, mais simplement se demander si en tant que parent ce genre d’outil peut m’aider à accompagner mes enfants dans l’implication à la maison, si ça peut les encourager à adopter des attitudes positives et aider à les accompagner dans la compréhension de ce qui est adéquat et ce qui l’est moins et si ça correspond à mes valeurs familiales. Comme je l’ai mentionné, lorsque ces outils sont bien utilisés, il n’y a pas de raison d’être “contre” puisqu’ils sont très cohérents avec le développement de l’enfant et sa maturation. Il importe simplement de trouver une formule qui vous convient ! 🙂

Rédigé par Laurence Morency-Guay. Avril 2021.

Published by Laurence M. G.

Professeure de psychologie, spécialisée en développement humain.

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