Vas-y, t’es capable!

Ce n’est pas un secret pour personne que les tout-petits, dès l’âge de 18 mois, commencent à manifester un fort besoin d’autonomie. Ces élans d’indépendance, de quête de liberté et de volonté à tout faire seul sont normaux et perdurent généralement jusqu’à 3 ans. En tant que parent, il est important de soutenir ce besoin et de l’encadrer en faisant preuve d’une bonne dose de patience et de lâcher-prise!

“Je veux le faire tout seul!”

Entre 18 mois et 3 ans, les enfants manifesteront un besoin grandissant de réaliser les tâches, des plus simples aux plus complexes, par eux-mêmes. Certains demanderont du support, d’autres s’obstineront pour ne pas être aidés. Dans un cas comme dans l’autre, il est essentiel qu’en tant que parent, nous laissions l’opportunité à l’enfant de développer son autonomie. Faire tout à leur place, vouloir trop contrôler ou intervenir dès que l’enfant semble avoir une difficulté est souvent tentant, mais ne pas leur permettre de s’exécuter seuls ou de faire leurs propres choix ne fera que générer des frustrations et de l’impatience chez les deux parties. Un enfant qui ne peut pas affirmer son autonomie risque de développer des sentiments de doute envers lui-même (“je ne suis probablement pas capable si on ne me laisse pas le faire”), de honte (“je n’arrive jamais à faire les choses tout seul”) et de culpabilité (“il faut toujours que quelqu’un m’aide ou fasse les choses à ma place”). Par contre, il a aussi besoin du support de l’adulte quand une tâche est trop difficile. Un parent peut soutenir l’autonomie de l’enfant en remarquant jusqu’où l’enfant est capable de réaliser une action de lui-même afin d’arriver juste au bon moment pour offrir le coup de pouce nécessaire. Par exemple, il se peut que l’enfant ait besoin qu’on l’aide à enfiler ses pieds dans son pantalon pour ensuite terminer de le revêtir seul. C’est ce qu’on appelle l’étayage. Cela est la meilleure façon d’offrir juste assez de support pour que l’enfant développe son sentiment de compétence et la satisfaction d’être capable de faire de plus en plus de choses.

“Je veux le faire, mais j’ai besoin d’aide”

Laisser place à l’autonomie de l’enfant ne veut pas dire de ne plus l’encadrer. Au contraire, c’est important que l’adulte puisse aider l’enfant à distinguer ce qu’il peut faire seul et ce qu’il doit faire avec un certain support. Cela permettra à l’enfant de développer sa capacité à reconnaitre ses propres limites, ce qui est nécessaire au bon développement de l’autonomie, de la confiance et de l’acceptation de la critique. Bien que souvent, l’enfant va demander de l’aide quand il en aura besoin, il se peut que l’adulte doive rester attentif pour pouvoir intervenir au bon moment. Parfois, il faudra aussi aider l’enfant juste assez pour le motiver à continuer par lui-même. Quand un enfant s’impatiente ou se fâche, ou encore quand il demande de l’assistance pour toute tâche qu’il doit réaliser, il importe d’offrir la bonne dose de soutien: en faire juste assez pour que l’enfant puisse accomplir la grande partie de l’action tout seul.

“Vas-y, t’es capable!”

Plusieurs parents se demandent souvent comment offrir à leurs tout-petits les opportunités de développer leur autonomie en jonglant avec la réalité du quotidien. On veut bien les laisser s’habiller seuls, mais quand l’heure du départ se fait sentir, la patience est moins au rendez-vous. Parfois, l’autonomie c’est aussi de faire un choix encadré, de savoir quand papa ou maman ont besoin d’un coup de mains ou encore de pouvoir faire preuve de flexibilité en acceptant l’aide qu’on nous propose. L’important c’est surtout de permettre à l’enfant d’avoir différents moments dans sa journée où il peut manifester son autonomie: c’est tout à fait correct de ne pas être en mesure de le faire en tout temps.

D’abord, pour vous offrir certains repères, je vous propose de miser sur les moments de routine de l’enfant afin de stimuler son autonomie. Ces moments qui reviennent chaque jour offrent diverses situations qui permettent à l’enfant de réaliser seul différentes tâches et au parent de pouvoir observer et développer leur capacité à intervenir au bon moment. À noter que la liste suivante n’est pas exhaustive; ce sont mes suggestions, mais il y a une foule d’autres façons de soutenir l’autonomie des tout-petits.

Routine de l’habillement

Laisser l’enfant faire ses choix de vêtements: lui proposer deux ou trois options et le laisser décider, rendre un tiroir accessible où il peut choisir parmi tous les morceaux qui s’y trouvent, afficher des images ou des pictogrammes de chaque morceau que l’enfant doit choisir.

Laisser l’enfant s’habiller seul: afficher des images ou des pictogrammes de chaque morceau que l’enfant doit vêtir et l’ordre dans lequel le faire, disposer ses vêtements au sol dans le bon sens pour faciliter l’habillage, exécuter avec l’enfant les parties de l’habillement qui sont plus difficiles (par exemple pour la fermeture-éclair d’un chandail).

Routine de l’hygiène

Laisser le savon et une serviette accessible à l’enfant et offrir un petit banc qui facilitera l’atteinte du robinet et du lavabo. Au besoin, afficher une image des étapes du lavage des mains.

Pendant le bain, guider l’enfant pour qu’il se nettoie seul (lui dire de bien frotter les différentes parties du corps, montrer la bonne quantité de savon nécessaire, etc.) et si possible, lui laisser un moment d’intimité (en restant à proximité – question de sécurité).

Pour l’usage de la toilette, s’assurer que l’enfant y ait facilement accès (mettre un petit banc ou un siège d’appoint). Vous pouvez faire un petit panier de boulettes de papier de toilette nécessaire pour s’essuyer afin d’éviter les abus (il est normal que les enfants aient besoin d’assistance pour cette étape – une belle façon de mettre en pratique l’étayage: l’enfant s’essuie, puis le parent termine en faisant le suivi de la propreté!).

Routine des repas

Proposer tous les aliments au centre de la table et laisser les enfants se servir eux-mêmes.

Donnez-leur le choix des couverts qu’ils veulent utiliser, ou rendre une armoire de la cuisine accessible afin qu’ils sélectionnent eux-mêmes leurs ustensiles, leurs assiettes, leurs tabliers, etc.

Ne pas mettre de pression pour l’utilisation adéquate des ustensiles: si c’est plus facile avec leurs mains, laissez-les faire (dans les limites de ce que vous acceptez comme comportements à la table). La meilleure chose à faire c’est d’être un modèle pour eux et de se servir de nos ustensiles. Ils apprennent en imitant!

Routine du dodo

Disposer des couvertures et des peluches afin que l’enfant puisse faire le choix de ce qu’il veut pour sa nuit ou sa sieste.

Laisser l’enfant seul dans son lit avant de se coucher pour qu’il puisse faire ce que bon lui semble (lire un livre, faire un casse-tête, écouter de la musique, etc.). Lui donner un signal à respecter indiquant qu’il doit dormir (le parent ferme sa lampe, une musique qui s’arrête, etc.).

Routine du jeu

On a parfois l’impression qu’on doit accompagner l’enfant dans tous ses moments de jeu, mais ce n’est pas le cas. Si l’enfant ne nous sollicite pas, laissons-le vivre son moment ludique de façon autonome. Ouikid propose de belles ressources pour encourager l’enfant à jouer seul.

Disposer les jouets pour qu’ils soient accessibles à l’enfant est un élément essentiel à l’autonomie de l’enfant dans ses périodes de jeu. S’il n’a pas accès à ses jouets, ce sera difficile pour lui de mener son activité de lui-même. Il est toutefois préférable de faire une rotation entre les jeux rangés et ceux accessibles pour ne pas diminuer l’intérêt de l’enfant.

L’autonomie au quotidien

En guise de mot de la fin, j’ai envie de vous dire de ne pas vous mettre trop de pression et de seulement toujours vous répéter que votre enfant, il est capable. En ayant en tête qu’il est en mesure d’exécuter de lui-même l’ensemble de ses tâches, on lui offrira naturellement les occasions de développer son autonomie. Bien sûr, on doit faire preuve de patience et de lâcher-prise tout comme d’accepter que parfois, on va freiner leurs désirs de faire les choses par eux-mêmes. C’est correct! Tant que l’enfant peut vivre de petites victoires au quotidien, c’est l’important!

Rédigé par Laurence Morency-Guay. Janvier 2021.

Published by Laurence M. G.

Professeure de psychologie, spécialisée en développement humain.

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