En étant simplement vous-même au quotidien, vous enseignerez à bébé quoi faire et ne pas faire! Bon… encore faut-il être un modèle de choix dans les comportements adoptés dans diverses situations, mais je vais supposer que vous l’êtes! Les bébés apprennent par observation et en imitant les personnes autour d’eux: c’est donc en effectuant vous-mêmes les comportements attendus que vous commencerez à les éduquer.

Pour certains parents, la ligne est mince entre le moment où l’on doit intervenir et établir nos limites et celui où on laisse aller puisque “ce n’est encore qu’un bébé”! Plusieurs facteurs viendront influencer l’encadrement offert aux bébés: les caractéristiques individuelles de l’enfant (certains testent plus vite les limites que d’autres) et le style parental exercé au sein de la famille (certains parents ont moins de tolérance que d’autres!). Chose certaine, c’est une question importante à se poser que de savoir à quel moment on doit installer nos limites auprès de nos minis.
Un des premiers apprentissages que fera un bébé est d’apprendre à faire confiance : aux autres et en lui-même. La sécurité passe d’abord par une réponse adaptée aux besoins, et parmi ces besoins, il y a celui d’être encadré. Ne pas savoir où sont les limites d’un environnement, pour y jouer par exemple, est tout aussi angoissant que de ne pas avoir d’espace du tout. Les bébés ont besoin d’être guidés, et le fait d’enseigner les balises à respecter font partie de ce besoin. Il ne faut pas avoir de craintes que d’établir des règles à suivre brimera l’enfant et votre lien d’attachement avec lui. Au contraire! Dès que bébé teste les limites, c’est le bon moment pour lui montrer où elles sont.
Comportements dérangeants… pour les parents ou pour les bébés?
Avant d’intervenir, il importe de vous questionner. Est-ce que mon bébé/mon enfant a un comportement qui me dérange moi, ou qui peut être nuisible pour lui (que ce soit pour sa sécurité ou pour son intégration sociale)? Je m’explique. Un bébé qui joue en criant: est-ce nuisible ? Probablement pas. Il explore, il découvre les sons de sa voix et il s’amuse! C’est vous que ça agace. Est-ce que l’intervention est nécessaire? Probablement pas. Vous vous dites peut-être qu’il serait bon de lui enseigner de ne pas crier, comme ce n’est pas un comportement acceptable en public et qu’éventuellement, cela pourrait nuire à son intégration sociale s’il dérange les autres en criant. Bien vu! Par contre, un enfant qui a moins de 2 ans raisonne de manière transductive. Cela veut dire qu’il ne fait pas nécessairement les liens adéquats entre deux éléments. Un bébé ne risque pas de comprendre que de crier, ça peut déranger et ainsi amener les autres à refuser de jouer avec lui. La meilleure intervention possible, si l’on souhaite limiter le comportement, c’est d’adopter celui qu’on souhaiterait observer: on lui parle tout bas, on utilise une petite voix au quotidien et on répond peu à ses élans vocaux. Autre scénario: un bébé joue avec les fils électriques dans le coin du salon. Ici, l’intervention est importante puisque cela pourrait être dangereux pour lui (risques d’électrocution). Encore là, il est souhaitable de limiter le plus possible les objets à risque, mais on ne peut parfois pas tout ranger et il est encore mieux de miser sur l’apprentissage et tenter de réduire l’intérêt à toute situation dangereuse. Dans l’exemple proposé, on veut aider bébé à réduire son comportement, alors on lui dit: “Joue ailleurs, les fils c’est dangereux” en le prenant pour l’assoir plus loin, par exemple. Il ne risque pas d’intégrer l’information complètement, mais comprendra peu à peu qu’il n’a pas le droit de jouer là. Évidemment, il faut toujours tenir compte de l’âge de l’enfant, mais surtout du comportement: est-ce qu’il est surtout dérangeant pour moi ou pour lui?
Besoins ou “caprices” ?
Le terme “caprice” m’a toujours dérangé quand il est utilisé pour désigner un bébé qui pleure. Les bébés pleurent pour exprimer un besoin. Avant 6 mois, il est physiologiquement impossible pour un bébé de pleurer pour manipuler les gens, alors s’il pleure: il faut répondre! Une intervention visant à ignorer un bébé qui pleure pour ainsi réduire “ses caprices” est une intervention inefficace qui risque surtout d’enseigner au bébé qu’il ne peut avoir confiance aux autres pour obtenir une réponse adaptée à ses besoins, et en lui-même pour exprimer adéquatement ce dont il a besoin. Jusqu’à 12 mois même, si bébé pleure, il a un besoin légitime. Bien qu’il apprend peu à peu après 6 mois que ses comportements génèrent certaines réactions de son entourage, il importe de ne pas ignorer ses expressions émotives. En ce sens, plusieurs se demandent comment réagir lorsque bébé pleure en présence d’un étranger ou lorsqu’on le quitte. Ces deux manifestations émotionnelles sont normales: autour de 8 mois, les bébés vivront la peur de l’étranger et l’angoisse de séparation. Cela s’explique par le développement de leur permanence de l’objet (compréhension que les choses et les personnes existent en dehors de leurs champs de vision). Comme bébé enregistre en mémoire les traits des personnes qui lui sont familières et peut se les représenter plus facilement, il va ainsi réagir aux personnes inconnues puisqu’il ne les reconnait pas: chose qui n’était pas possible plus tôt. Il est aussi capable de réaliser que ses parents partent, mais n’est pas cognitivement capable de comprendre qu’ils vont revenir: de là l’angoisse de séparation. C’est donc important de ne pas banaliser ces pleurs, mais malheureusement, il n’y a pas d’intervention autre que de simplement s’assurer que bébé se sente bien en votre absence et de le réconforter le plus possible à votre départ et à votre retour! Pour la peur des étrangers, elle passera, tout comme l’angoisse de séparation.
L’art de la discipline
L’intervention auprès des tout-petits est un sujet très vaste touchant à plusieurs dimensions, ainsi je ne vous présente ici qu’un portrait sommaire de certains concepts y étant reliés. Rappelez-vous surtout qu’il faut répondre aux besoins des bébés et aucune intervention n’est nécessaire autre qu’une reconnaissance et une réponse, mais qu’à partir du moment où les limites sont testées, il importe de les établir avec douceur!
(+)La parentalité bienveillante ou démocratique?

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Rédigé par Laurence Morency-Guay. Juillet 2020.
