Les parents qui intègrent leur tout-petit en centre de la petite enfance ou autre milieu de garde seront inévitablement confrontés à la séparation de leur enfant. Ces moments sont bien sûr difficiles, et un conseil qui semble revenir de temps en temps est qu’il serait mieux de ne pas étirer les au revoir et même de quitter rapidement, parfois incognito. Lorsque j’aborde les notions de développement émotionnel et d’attachement, notamment, avec mes étudiants au Cégep dans les cours des programmes divers en éducation, je m’efforce de rappeler à ces futurs professionnels la nécessité de prendre le temps d’accompagner l’enfant lors de la séparation avec son parent et d’éviter de créer un climat où ce dernier est pressé dans son départ.
Voici quelques repères pour aider à mieux comprendre l’importance de prendre le temps de quitter son enfant en pleurs dans le réconfort et l’écoute, et que même si la séparation est inévitable et difficile, l’anxiété de séparation demeure une détresse qui diminuera avec le temps et laissera place à un sentiment de confiance renforcé lorsqu’elle aura été entendue les matins où elle se sera manifestée vivement.
L’anxiété de séparation : C’est quoi?
L’anxiété de séparation, ou angoisse de séparation, est le sentiment de détresse ressenti par l’enfant quand la personne qui s’occupe habituellement de lui le quitte. Cette angoisse apparaît entre 8 et 9 mois et peut durer jusqu’à 12 mois, tout dépendant du tempérament de l’enfant et de différents facteurs environnementaux. Au gré du temps et du lien de confiance qui va s’établir entre l’enfant, son parent et les différents intervenant des milieux qu’il fréquente, l’anxiété de séparation va disparaître naturellement. Il est toutefois possible de la voir revenir dans une situation nouvelle ou stressante pour l’enfant.
À noter que cette anxiété est normale chez les tout-petits, et peut apparaître plus tard si l’enfant traverse une période plus difficile, par exemple. L’anxiété est une réaction de l’organisme qui ne traduit pas nécessaire un disfonctionnement: un adulte peut être anxieux sans avoir un trouble de l’humeur et un enfant peut vivre de l’anxiété lors des séparations sans que ce soit pathologique.
La permanence de l’objet : Le coupable
L’apparition de l’anxiété de séparation va de pair avec la permanence de l’objet qui se construit graduellement entre 6 mois et 2 ans et qui consiste en la capacité de l’enfant de comprendre que les objets et les personnes existent en dehors de leur champs de perception. Vers 8 ou 9 mois, l’enfant commence à comprendre que ses parents existent encore même lorsqu’il ne les voit pas, mais a de la difficulté à concevoir où ils sont s’ils ne sont pas auprès de lui, ce qui génère une angoisse.
Le lien de confiance et l’importance d’assister au départ du parent
Même si la séparation est inévitable, il est important que le besoin de réconfort de l’enfant soit comblé. C’est pourquoi l’émotion de tristesse de l’enfant doit être accueillie et qu’on laisse l’enfant vivre son émotion sans être pressé de lui changer les idées.
Les rituels des au revoir permettent à l’enfant de connaître éventuellement la routine associée au départ du parent et contribuent aux retrouvailles : graduellement l’enfant va comprendre que son parent qui le quitte reviendra toujours, et c’est dans la qualité du temps passé à normaliser les émotions et de la prise de conscience du départ que cette compréhension va se construire, tout comme le lien de confiance entre toutes les parties.
En guise de conclusion, je vous rappelle la nécessité de collaborer avec la personne qui vous remplace lorsque vous n’êtes pas auprès de votre enfant: établir un rituel bienveillant et réconfortant afin de s’assurer que malgré l’angoisse, l’enfant demeure écouté et rassuré, pour intégrer peu à peu que lorsque mon parent quitte, il revient toujours!


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Rédigé par Laurence Morency-Guay. Septembre 2021.