Quand tu entres officiellement dans le club des parents, tu constates rapidement qu’il y a des façons de faire et des méthodes pour tout et pour tous les goûts. Allaitement, portage, couches lavables, DME, discipline et j’en passe. Toutes ces méthodes proposent alors une marche à suivre et il y a ainsi place à une foule de comparaisons (et de jugements), à savoir quelle façon est « la meilleure ».
Mon mot d’ordre est que la meilleure façon de faire est celle qui conviendra le mieux à toi et à ton enfant. C’est un concept assez universel que chaque humain est unique, mais il peut être facile de l’oublier. L’humain suit une progression développementale qui est sensiblement la même pour tout le monde, c’est-à-dire qu’aucun bébé ne sera capable de se lever debout de lui-même avant d’avoir d’abord acquis l’habileté de s’asseoir seul. Par contre, le rythme de développement de toute habileté peut varier et donc faire en sorte que le moment d’acquisition de ces habiletés ne soient pas les mêmes d’un enfant à l’autre; d’un adulte à l’autre.
Comment expliquer cette variabilité?
L’humain se développe au centre de divers facteurs d’influence. Ces facteurs d’influence auront un impact sur le développement et expliquent beaucoup les différences individuelles de tous et chacun. Il y a d’abord les facteurs d’influence internes qui correspondent à tout bagage héréditaire de l’individu, soit l’ensemble des traits transmis d’une génération à l’autre par les gènes. Par exemple, la taille. Ensuite, il y a les facteurs d’influence externes correspondant à la relation que l’individu entretient avec son environnement et les impacts de celui-ci sur la personne, par exemple son milieu de vie ou ses relations sociales.
Les facteurs d’influence peuvent donc expliquer pourquoi un bambin parviendra peut-être à marcher plus tard qu’un autre. Si l’enfant a hérité des petites jambes de son père et qu’il a ainsi moins de soutien musculaire pour la marche, ce facteur d’influence interne peut expliquer qu’il marchera un peu plus tard qu’un enfant plus grand. Il a peut-être aussi moins d’occasions de se pratiquer, venant d’un milieu où le logis est très petit et où le bambin est moins porté à se déplacer. C’est donc son environnement qui a un impact sur le développement moteur, ainsi c’est un facteur externe qui peut expliquer le rythme d’acquisition de son habileté à marcher.
Qu’en est-il des différentes méthodes?
Les facteurs d’influence expliquent aussi pourquoi une façon de faire peut convenir à l’un et pas à l’autre. J’ose aborder le sujet de l’allaitement afin de bien expliquer ce concept. Il semblerait que la pression ressentie à allaiter soit partagée chez plusieurs jeunes mamans et bien que je sache que le lait maternel est ce qu’il y a de plus nourrissant pour un bébé, il se peut que des facteurs d’influence amènent les parents à opter pour une autre méthode et que ce soit le meilleur choix pour eux. Un bébé peut venir au monde avec un frein de langue court, par exemple, et ainsi avoir plus de difficultés à téter et à se nourrir. C’est donc un facteur d’influence interne qui peut être une limite à l’allaitement. Je sais qu’il existe des solutions à ce « problème » et que ça ne va pas nécessairement entraver l’allaitement, mais c’est quand même un élément qui peut expliquer pourquoi c’est une méthode qui fonctionne moins bien pour certains. Souvent, il y a beaucoup de facteurs externes qui peuvent expliquer un phénomène développemental, ou le choix d’une méthode. Encore au sujet de l’allaitement, la mère qui souhaite allaiter peut manquer de ressources en ayant un réseau limité pour la soutenir ou l’orienter vers l’aide approprié et ainsi elle se sent dépassée par ce mode d’alimentation. C’est donc son environnement qui a un impact sur son allaitement. Je ne dis pas que la seule solution dans le cas de ces exemples est d’abandonner l’allaitement, mais peut-être que le parent jugera qu’il est préférable de donner le biberon en raison de ces facteurs et que ce choix est plus convenable pour lui dans ces circonstances.
Pour terminer…
Enfin, avec la non-exhaustivité des facteurs d’influence possibles, il va de soi que les façons de faire qui fonctionnent d’un individu à l’autre sont très variables et qu’il importe que la personne choisisse une méthode qui lui convient et de l’adapter au besoin. C’est impossible de juger qu’il n’y a qu’une seule méthode qui soit bonne pour tous; toute personne est constamment exposée à divers facteurs qui auront un impact sur son développement et ses choix, alors que ce soit de l’allaitement mixte, un co-dodo sécuritaire, l’alimentation par les purées ou toute autre philosophie, tout peut se modifier et toute façon de faire peut devenir LA meilleure façon de faire!
Rédigé par Laurence Morency-Guay. Février 2020.
Pour en apprendre davantage sur les concepts présentés ici…
BRUER, J.T. (2001). A critical and sensitive period primer. Dans D.B. BAYLEY et al. (dir.). Critical Thinking about Critical Period: A Series from the National Center for Early Development and Learning (p.289-292) Baltimore, MD : Paul Brooks.
BALTES, PB. et SMITH, J. (2004). Life-span psychology: From developmental contextualism to developmental bicultural co-constructivism. Research in Human Development,1, 123-144.
TROADEC, B. (2010). Culture et inter culturel en psychologie: préférence pour la démarche scientifique et conséquence épistémologiques, éducation et formations interculturelles: regards critiques. Recherches en éducation, 9, 18-31.
