
Saviez-vous qu’en tant qu’experte de développement humain, je me spécialise aussi en diversification menée par l’enfant ?
Qu’est-ce que la DME?
La diversification menée par l’enfant est une approche de diversification alimentaire visant à offrir au bébé des aliments sous forme de morceaux plutôt que sous forme de purées. Cette approche vise l’autonomie du bébé qui sera davantage amené à respecter son appétit et demande un support étroit du parent afin de lui offrir des morceaux adaptés à ses niveaux d’habiletés de préhension et de mastication.

Offrir des morceaux dès 6 mois ? Pourquoi pas !
Lorsque mon fils avait 6 mois, je lui offrais des tranches d’avocat très mur, des morceaux de patates douces bien cuites de la grosseur de sa paume ainsi que des bananes à demi épluchées. Ce n’est pas rare de se questionner devant un menu d’aliments entiers pour un jeune bébé plutôt que des purées : beaucoup de mes proches et amis me demandaient qu’est-ce qui me passait par la tête ! Je comprenais ces interrogations puisque je suis consciente que la diversification menée par l’enfant (DME) est une méthode d’introduction aux aliments encore peu connue au Québec.
En tant que professeure de psychologie, je lis beaucoup. Le développement humain, surtout la période de l’enfance, est ma branche d’étude chou-chou; c’est donc avant même de penser à avoir des enfants que j’ai découvert la méthode d’introduction aux solides de Gil Rapley. Infirmière, sage-femme et marraine d’allaitement, Gil Rapley a étudié le développement de l’enfant et ses capacités à intégrer l’alimentation solide dans le cadre de sa maitrise. Elle s’est mérité un PhD pour ses recherches sur l’alimentation autonome. Selon elle, il n’est pas nécessaire de transformer les aliments en purée pour les offrir à un bébé puisque ce dernier possède les habiletés nécessaires pour consommer la nourriture telle qu’elle se présente, soit en morceaux.
Je trouvais cette idée intéressante et fort inspirante, c’est pourquoi j’étais enthousiaste de la mettre en application lorsque j’étais enceinte. Je me suis renseignée davantage durant les mois d’attente avant de faire la rencontre de mon fils afin d’être bien préparée lorsque le temps serait venu de l’introduire aux aliments. Bien que je maitrisais la théorie, je cherchais des façons de rendre cette méthode pratique. Mes recherches m’ont mené vers le site de Bébé Mange Seul, créé par Émilie Pinard. Comme moi, elle avait découvert la méthode de Gil Rapley, et constatant le manque de ressources au Québec, elle a décidé d’écrire sur le sujet tout ce qu’elle découvrait au fil de ses recherches. Éventuellement, elle a commencé à offrir des ateliers pour renseigner les parents qui aimeraient tenter la DME avec leurs enfants. J’ai acheté son livre et j’ai suivi sa formation, qui m’ont bien outillé avant d’entreprendre l’aventure avec mon garçon. Maintenant, j’ai la chance de travailler avec Émilie pour Bébé Mange Seul, et c’est un plaisir pour moi de partager mon intérêt face à la DME avec d’autres parents.

Quand mon fils a eu 6 mois, je lui ai offert son premier repas : des morceaux de patates douces. Il les a surtout écrasés, mais les quelques miettes qu’il a mises dans sa bouche l’ont intrigué et c’était beau de le voir découvrir un goût et une texture nouvelle. Les repas se sont enchainés et rapidement, mon garçon avait découvert les saveurs et les consistances de plusieurs fruits, légumes et autres aliments. Il adorait le pain rôti avec du beurre d’arachide et les omelettes au fromage. Ça s’est fait graduellement, mais autour de 8 mois, il mangeait lui même ses croquettes de saumon et de légumes et se régalait lorsqu’il dégustait les biscuits à base de bananes et de céréales pour bébé que je lui préparais. J’avais beaucoup de plaisir à le voir explorer les aliments, découvrir des textures et des saveurs et se nourrir lui-même, sans que j’aie besoin de lui faire le train avec une cuillère débordante de compote au poulet et au riz, qui, on va se l’avouer, est loin de gouter la volaille savoureuse. Par contre, même s’il était autonome avec son repas, ce n’en était pas moins un moment que nous passions ensemble : outre la cuisine que je faisais pour lui offrir des repas adaptés, je l’accompagnais dans cette aventure de diversification alimentaire en étant près de lui pour le stimuler et l’encadrer. C’est ça la DME : une façon de permettre à l’enfant de se nourrir seul tout en découvrant et en explorant la nourriture, auprès de son parent qui le soutien et le supervise. « Mais ne va-t-il pas s’étouffer avec ces gros morceaux ? » est probablement la question qu’on m’a le plus souvent posé aux heures de repas. C’est également l’inquiétude de plusieurs parents qui préfèrent, par crainte que ça arrive, de ne pas tenter la DME. Toutefois, si les aliments sont adaptés, il n’y a pas de raisons pour que bébé s’étouffe comme il possède les habiletés physique et motrices lui permettant de gérer sa consommation d’aliments. En les portant à sa bouche, il va d’abord les saisir avec ses lèvres et graduellement les imprégner de salive, ce qui va ramollir le morceau. Avec sa langue et ses gencives, il fera tourner l’aliment en bouche jusqu’à ce qu’il ait la bonne consistance pour être avalé puis digéré facilement. Si le morceau ne se ramolli pas suffisamment, le bébé va le recracher. Il faut lui faire confiance ! Ça arrive que le bébé se fera lever le cœur pour en arriver à recracher l’aliment, et bien que ça peut être stressant au début, c’est normal et c’est une bonne chose, car ça évite justement au bébé de s’étouffer !
Il y a quand même des connaissances qu’il faut avoir avant de se lancer dans l’alimentation autonome avec notre enfant. Il importe d’être suffisamment renseigné, notamment pour être prêt à faire face au réflexe vomitif mentionné précédemment, mais aussi pour savoir à quel moment le bébé est réellement prêt à commencer la DME. J’ai mentionné que mon fils avait débuté à 6 mois ; c’est l’âge auquel l’enfant est généralement prêt. Certains le sont plus tard, mais ce n’est pas recommandé d’introduire les morceaux avant ça. Même si on peut avoir l’impression que bébé est prêt autour de 5 mois, même avant, on se trompe plus souvent qu’autrement. Il peut sembler intéressé à la nourriture, mais il s’éveille à son environnement et sera intéressé par les activités qui prennent place autour de lui, les repas entre autre, et ce n’est pas nécessairement parce qu’il a faim. Avant 6 mois, son système digestif et ses habiletés motrices liées à sa mâchoire ne sont pas assez matures pour l’alimentation solide. De plus, il doit être capable de se tenir assis droit dans sa chaise-haute afin de pouvoir aisément recracher un morceau au besoin en plus de bien porter les aliments à sa bouche.
Lorsqu’on est bien documenté, on est aussi beaucoup plus à l’aise avec la méthode puisque non seulement on en connait la base, mais on fait plus facilement confiance aux habiletés de notre bébé. C’est tellement fascinant de l’observer découvrir les saveurs et les textures et de le voir se nourrir de façon autonome en étant si petit ! Ça permet aussi d’intégrer notre bébé à nos moments en famille, comme les heures de repas et les sorties au restaurant, et à lui permettre de développer sa curiosité face aux aliments. Un bébé qui consomme des purées peut trouver la transition aux morceaux plus difficile puisque non seulement la saveur est diluée par l’eau afin de rendre la texture lisse, mais la consommation de morceaux prend plus d’effort qu’une purée que l’on va simplement boire. Peu d’études démontrent les impacts d’une diversification menée par l’enfant, mais j’observe que mon garçon, qui a maintenant 2 ans, est très curieux face à la nourriture, n’est pas difficile aux heures de repas et a un très bon appétit. Je sais bien qu’un enfant qui a mangé des purées peut être tout autant curieux et bon mangeur, et il n’y a absolument pas de mal à aller vers une diversification classique si c’est ce qui nous convient mieux en tant que parent. Par contre, si vous avez envie de vivre une belle expérience de découverte et d’exploration avec votre enfant, je vous recommande la DME à 100% !
